Eupora, MS

Laissez moi faire un retour en arrière pour vous conter mon expérience américaine voilà 13 ans déjà. Ceci est important pour la suite car cette année atypique a été déterminante dans mes choix futures et dans ma philosophie de vie.

Par un beau matin de Mai 1993, je décide de partir vivre aux USA. Je n'ai que 15 mais mais je suis déjà attirée par le rêve américain ou en tout cas ce que les journeaux et les livres ont bien voulu m'apprendrent. Il ne m'a pas fallu longtemps pour convaincre mes parents, eux-même fan de cet Eldorado Libéral. Quleques rendez vous plus tard avec l'organisme choisit et me voilà prête à embarquer pour NY. Mes parents sont présents à l'aéroport bien entendu. Je fais la connaissance rapide des quelques autres voyageurs qui comment moi aspirent à autre chose. Il est temps d'embarquer, mon père porte ses lunettes de soleil, certainement pour cacher ses larmes, ma mère elle n'a aucune gène et ne se retient pas. Une gigantesque tristesse m'envahit mais je suis partagée entre un énorme sentiment de culpabilité et de liberté. Je les embrasse tendrement, je sais que le prochain baiser de leur part ne sera que dans un an maintenant. Ils me souhaitent bon voyage. Je m'engage dans l'escalator et je me retourne pour un dernier sourire ému et sincère, je reste à les regarder jusqu'à ce qu'ils soient hors de ma vue. Là, je suis seule au monde, à 15 ans. Un de mes vieux copains, Bertrand M. à décider de s'envoler avec moi pour vivre la même expérience. Nous n'allons pas vivre dans le même état mais la pensée de savoir que nous sommes tous les deux embarqués dans cette aventure ensemble me rassure.

Le voyage en avion se passe bien et nous voila arrivés à JFK. C'était la deuxième fois que je mettais les pieds sur le sol américain mais encore aujourd'hui à chaque fois, c'est un vrai bonheur.

Nous avons passé trois jours à NY, au programme visites et séminaires d'adaptation. Déjà je me sentais chez moi en tout cas en terrain conquis.

Le dernier jour à NY se passe et je fais la rencontre de ma mère américaine, Sandra. Elle est venu me chercher et nous ferons le trajet jusqu'à Eupora, Mississippi ensemble. Je suis triste de faire mes adieux à Bertrand B. mais je sais que cette année sera pour moi inoubliable.

Eupora, petite ville du Mississippi de 3000 habitants, l'Amérique profonde, rien à voir avec ce que je connais de ce pays. Nous arrivons à l'aéroport de Jackson, MS et nous en avons encore pour deux heures de route. Sandra me fait monter à côté d'elle dans son van. Ah ce van!!! toute une histoire. Un van noir, qui me conduira pendant un an sur les routes du bonheur. Déjà, je cotoie ce rêve américain. TV, DVD, mini bar, lits... bref tout le confort dans un voiture, je n'avais jamais vu ça. Tout m'eboulit et je vais me rendre compte que tout m'éblouira jusqu'au dernier jour. Tout est différent, tout est inconveable mais tout est magique.

Nous arrivons à Eupora et là je fais connaissance avec George, mon père américain, Bervely, ma cousine américaine qui vivra avec nous. Sandra et George ont deux enfants, Barry et Patrick qui sont tous deux mariés et qui ne vivent plus à la maison. Il y a aussi les 'boys' de Sandra, quatre petits chiens type chihouaoua. Même aujourd'hui je ne pourrai pas vous dire leur race exacte!!

Le lendemain, je rencontre les 5 autres étudiants étrangers qui seront avec moi au lycée et qui vont vivre cette même expérience. Il y Ilka, une brésilienne qui s'avera être mon clonne. Il y a Ricardo un autre brésilien, Sinan, un turc, mon meilleur ami, Rebecca une chinoise de Hong Kong et Daniel un anglais. Tous ont souhaités mettre leur vie entre parenthèse pendant un an. Nous nous entendons tous très bien et Sinan et Ilka auront une place bien particuière dans ma vie américaine.

Quelques jours plus tard, nous entrons au Lycée, je suis en terminale (et je viens d'avoir 16 ans!!). Je dois choisir mes cours du matin et mes activités de l'après-midi. Alors, j'évite la physique et la biologie et je me rue vers les cours de 'Speech', d'informatique, de permis de conduire, et le cours d'anglais et d'histoire-géo sont eux obligatoires.

Les après-midi , je décide de jouer au Softball, (baseball pour les filles), la balle est plus molle. Je serai capitaine de l'équipe, oui, je ne connais pas les règles alors, je suis capitaine, je motive les troupes et j'apprends. Je décide aussi de faire du Tennis, Ilka sera ma partenaire. Nous ne sommes pas nombreux dans l'équipe et l'ambiance s'avère très sympa. Je passe mon permis de conduire avec Coach Mc Minn, un rigolo de première à qui je dois toute ma dexterité au volant...

Cette année fut une explosion de rencontres, de bonheur et de surprise. J'ai appris à me connaitre et je dois avouer que cela m'a fait le plus grand bien. J'ai passé mon bac américain, été graduée en robe, participé au bal de fin d'année, à l'élection de la fille la plus belle du lycée, appris à jouer du saxophone, intégré le Beta Convention, club des meilleurs étudiants du lycée, appris à conduire, supporté les matchs de football américain, fais de la danse, cotoyé des gens incoryables, appris à parler anglais, fait des soirées en ville à boire du coca et manger des 'chocolate hot fudge cakes', donné des cours de français, présenté mon pays et ma vie, été amoureuse, été à la messe tous les dimanches... J'ai été pendant 1 an une jeune fille américaine tout simplement et croyez moi, rien à voir avec nous les européennes.

Il m'est impossible de vous raconter tout cela en détails mais souvent je ferai allusion à cette vie, la-bàs, une vie délirante et si attirante.

Ma passion pour ce pays ne s'est toujours pas éteinte. J'y suis retournée trois ou quatre fois et puis, plus tard en 2002, j'ai vécu trois mois à NY. Il m'arrive souvent de vouloir y retourner, peut-être un jour. Mon boulot m'a envoyé à Denver au mois d'Avril. Avant de rentrer, j'ai fais une halte à Eupora et j'ai revu tout le monde. Rien n'a changé, comme si je n'était jamais parti. Ce fût un bonheur intense et je sais qu'une partie de moi est restée la-bas.

'Vis ta vie comme si c'était le dernier jour', 'Insist on yourself, never imitates', 'Carpe Diem', ces trois dictons m'ont été enseignés la-bas et je vis avec, je vous les conseille.